je fais du son pour avoir du sens Rip
        -rap


Un zozo sans chichi
ni zazou ni baba
tutoyant son mégot
glougloutant son coca
bécotant sa doudou
dodinant son dada
godillait
riquiqui
dans ce monde ici-bas

Si t’es pas au carré amorti ou quadra
bazardier regrattier boursicot ou malfrat
aigrefin carottier ou bourreur de blabla
tu galères dans cette vie triste et froid
comme un rat

Ayant sa
claque
d’être ric-rac
quand les caques
et les cracks
de l’arnaque
sont en frac
et chapeau claque
il monta un fric-frac avec son copain
black

*
las !
comme la vie est dégueu
lasse
quand on est dans la mélasse
on se ramasse des ca
illasses
plein les godasses

Ce jour-là manque de
pot
Pasquafiore et Pandro
les deux flics du ghetto
passaient sur leur vélo
Zazibus et Zozo
mirent presto le turbo
et laissèrent le pandro
sur le carreau

*

On placarda des affiches
dans tous les va que j’te
fiche
pour trois louches et demie d’artiche
et deux douzaines de ci
biches
on mit à prix leur bour
riche
et leur tiroir à sau
ciches

Un
indic
presque flic
les pinça sous les tropiques
en train de pêcher des bichiques


*

Mais nos zorros peuvent être fiers
y’a plus d’veuve razibus en hiver
au nom de la loi Badinter
on les a coffré dans un water
avec les mites et les piverts

*

Un zozo sans chichi
ni zazou ni baba
tutoyant son mégot
glougloutant son coca
bécotant sa doudou
dodinant son dada
godillait
riquiqui
dans ce monde ici-bas

Si t’es pas au carré amorti ou quadra
bazardier regrattier boursicot ou malfrat
aigrefin carottier ou bourreur de blabla
tu galères dans cette vie triste et froid
comme un rat



Vous qui passez sans me voir
ayez donc une pensée d’espoir
pour l’auteur de ce bobard
à travers sa propre histoire
il vous tend le vrai miroir
de notre commun fénoir


    Ma grande Célia chérie,

    Un jour que je coupais les tomates et que je les disposais en cercles réguliers autour du plat pour le repas de midi à Rouillac, ma petite Célia, qui avait tout juste quatre ans, remarqua :

    “- Tu as vu les tomates, comme elles font l’automate !...
    C’est normal puisque c’est des tomates !...”

    Une autre fois, c’était avant, ma petite linguiste avait trois ans et demi, elle dit :

    “-Tu ne trouves pas, Papa, que c’est drôle le mot “couscous” ? “cous-cous”, c’est rigolo!...

    Ainsi les mots veulent dire quelque chose parce que les sons, la plupart du temps, ne veulent rien dire. Par exemple : to, ma et te, ça ne veut rien dire (sauf "ma" qui est un pronom possessif et "te" - mon exemple n’est vraiment pas bien choisi !). Mais to-ma-te, ça veut dire quelque chose... En combinant des sons qui ne veulent rien dire, on peut fabriquer ainsi une infinité de mots. Davantage de mots qu’il y a de choses.

    Mais il y a des mots qui trichent, heureusement, sinon, ça ne serait pas rigolo. Ces mots coquins, ou ces groupes de mots, qui jouent sur les deux tableaux, ont des sons qui se font remarquer et qui pourtant veulent dire quelque chose. Et pourquoi est-ce qu’ils se font remarquer ? Parce que leur son, par exemple, signifie déjà ce que signifie leur sens. C’est pourquoi il est normal que les tomates fassent l’automate, etc.

    J’ai donc fabriqué une petite histoire où c’est le son qui fait le sens. Tu ne comprendras peut-être pas tout, ma puce. Mais qu’importe ! Il suffit d’écouter la musique pour comprendre les paroles. Au fond, ça serait chouette si l’arrangement des mots pouvait commander les choses. C’est le rêve des poètes...


          Papa pour Célia