Il faut caresser le petit chat qui se trouve à la fin de chaque histoire pour revenir à l'accueil
Petite histoire pour Célia, Daphné et Alexandre

Croki le petit croco
je fais du son pour avoir du sens



Il était un petit crocodile - dile-dile - qui vivait dans un marigot avec ses parents et ses amis. Son meilleur copain était un lapin des îles - ziles- ziles - qui n’avait peur ni de l’eau ni des crocos. Les deux amis étaient connus dans le coin pour être de sacrés galopins. Leur plus grand plaisir était de jouer des tours aux grandes personnes (je veux dire aux grands animaux) et particulièrement aux vantards, aux hâbleurs et aux fanfarons qui se promènent dans la savane en ayant l’air de croire que le monde leur appartient.

Un jour, Bari-Bari, l’éléphant qui avait un pois chiche dans la tête

et qui était fort comme quatre

parlait tout seul et disait : “- Ah ah ah ! Ce marigot, je suis capable de le vider avec ma trompe en un seul coup de cuiller à pot ! Ah ah ah ! Je suis le roi des vidangeurs de marigots !”

Vous avez deviné que c’était du marigot de Croki qu’il était en train de parler. Il croyait que personne ne l’entendait. Mais Croki était en train de faire sa sieste, comme font les crocodiles, les deux yeux et les narines hors de l’eau et Bari-Bari ne l’avait pas vu.

Quand Bari-Bari fut parti, continuant à se taper sur la poitrine comme font les hommes qui imitent les gorilles, Croki courut chez son ami lapin. Justement, près du terrier de Lapi, le copain lapin, on entendait venant du marigot d’à-côté, la voix de Pato, l’hippopotame, qui disait : “Je suis Pato, le bulldozer des hippos, le plus malin des patauds et le plus finaud des lourdauds ! Rien ne résiste à Pato la terreur des marigots !”

Croki le petit croco et Lapi le copain lapin décidèrent alors de jouer un tour à ces deux ballots de Bari-Bari et de Pato. Lapi courut chercher Bari-Bari et le trouva en train de plumer les feuilles d’un arbre d’un air satisfait.
- Où cours-tu si vite, demanda Bari-Bari à notre ami Lapi ?
- Je suis à la recherche de l’animal le plus malin et le plus fort de la savane, j’ai entendu dire que tu savais vider les marigots. Viens vite ! le marigot de Pato perd son eau, il doit y avoir une fuite quelque part - ou alors c’est un farceur qui a débondé ou dézippé le marigot des hippos. Mais si tu ne t’en sens pas capable laisse tomber, j’irai demander à Rino de lui creuser un autre marigot avec sa corne ! fit Lapi en ayant l’air de vouloir courir plus loin.
- Attends ! attends ! Personne n’est plus malin, personne n’est plus fort que moi ici ! Dis-moi ce que je dois faire, reprit Bari-bari.
- C’est simple ! répondit Lapi, tu vois ce marigot là-bas derrière les arbres ? Tu l’avales, comme il paraît que tu sais si bien le faire et tu cours sans respirer pour le recracher dans le marigot de Pato.
- Facile ! dit Bari-Bari en bombant le torse. C’est comme si c’était déjà fait !

Pendant ce temps, notre ami Croki, le petit croco, était allé dire à tous les gens du village qu’il allait y avoir un tremblement de terre et que, s’ils voulaient en réchapper, il leur fallait immédiatement aller vider toutes leurs bassines, leur eau de vaisselle et leurs sentines dans le trou - maintenant plein à ras bord - que Lapi venait de désigner à Bari-Bari.

Vous imaginez, bien sûr, ce qui arriva. Bari-Bari prit sa respiration et avala, sans regarder, d’un seul coup d’un seul et autant qu’il put, le liquide puant dont les villageois avaient rempli le trou et, rouge comme une tomate, il fonça vers le marigot de Pato. Sans même remarquer que le marigot était plein et que Pato y somnolait comme d’habitude, il vidangea le tout sur la tête de Pato.
Celui-ci, furieux de recevoir ce parfum malodorant sur la tête, sortit de son marigot et se mit à courir après ce ballot de Bari-Bari en essayant de lui attraper la queue.




Quand on entend la terre trembler dans la savane, c’est Pato qui court après Bari-Bari pour se venger de lui. Cette histoire s’est passée il y a bien longtemps, mais Pato court toujours après Bari-Bari. Les humains se vantent parfois d’avoir une “mémoire d’éléphant”, mais ils ne savent pas que les hippopotames ont une rancune qui dure encore plus longtemps que la rancune des humains qui ont une mémoire d’éléphant...


Votre papa qui vous aime pour toujours !